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Assemblée de #Corse, Discours du Président @JeanGuyTalamoni du 6 septembre 2016

Produit CORSU E RIBELLU

Session de l’Assemblée de Corse Le 6 septembre 2016, Discours du Président Jean-Guy TALAMONI

Chers collègues,

Pour débuter, je vous souhaite à tous une bonne rentrée et espère que nous travaillerons à nouveau cette année, comme l’an passé, ensemble, pour l’avenir de la Corse et le bien commun. L’image des Corses : nous devons écrire ensemble le roman de la Corse La Corse fait rêver. Pas seulement nous qui vivons ici, pas seulement les Corses de la diaspora revenus un moment cet été. Elle fait rêver aussi tous ceux, à l’extérieur, qui la connaissent ou qui croient la connaître. Je ne remonterai pas aux vieilles lunes de Sénèque ou au romantisme de Mérimée. Il n’en reste pas moins que notre peuple a été « victime de la littérature ». C’est ce qu’affirme Emile Bergerat dans La chasse au mouflon en Corse , en 1891. La littérature n’est pas seulement fiction, elle est l’expression concrète d’une narration collective ; désormais nous ne sommes plus seulement les lecteurs d’auteurs étrangers en quête d’exotisme. Cette narration, c’est nous qui la faisons. Nous écrivons aujourd’hui, avec nos mots et nos actes le roman de la Corse. Il serait trop long d’établir la liste des stéréotypes qui circulent au sujet de la Corse. Je n’en citerai que deux ; le premier, celui du Corse fainéant, fourbe, sous assistance de l’Etat, surtout lorsqu’il s’agit de réclamer de l’argent. Second stéréotype, celui du Corse raciste, un peu sauvage, mu par la haine de l’autre plus que par l’amour des siens et de sa terre. On pourrait en rire s’il ne s’agissait pas là d’un fait sérieux, répété, trop entendu dans certains médias ou sur les réseaux sociaux.

Les évènements récents ont ravivé cette pratique, mettant ainsi la Corse et les Corses en danger dans le contexte international que nous connaissons. Pour les détracteurs de la Corse, le peuple corse existe bel et bien, mais dans une certaine limite. Il n’existe que de manière négative, seulement pour être stigmatisé. Pour eux, la reconnaissance du peuple corse, positive et créatrice de droits, est inconcevable. Pour eux, les Corses sont toujours coupables mais jamais victimes. Pire, malgré toutes les insultes que nous entendons à notre endroit, pour la justice française et pour la Cour de cassation, les Corses ne représentent pas une catégorie de personnes protégées par la loi de 1881.Les Corses plus racistes que les autres : erreurs et inconséquence de la CNCDH Si le racisme anti-corse n’existe pas, le rapport de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme affirme, pour sa part, à quel point nous sommes racistes, évidemment plus que les autres. Ainsi avons-nous pu lire durant l’été : « La Corse en tête des actes antimusulmans en France ». Le niveau de violences contre les musulmans aurait été plus élevé ici qu’ailleurs. Il ne s’agit pas pour nous de nier ou de minimiser la gravité des actes racistes. Pourtant l’usage orienté ou malveillant de ces chiffres peut nuire au retour au calme et à l’apaisement de notre société. Il nous semble donc très important de dénoncer ces chiffres et la méthode employée pour parvenir à une telle conclusion. Si la CNCDH reconnaît elle-même les lacunes de son rapport, il semble qu’elle se contente de renseignements approximatifs, obtenus sans méthode scientifique, pour tirer des conclusions erronées mais lourdes de conséquences pour l’image de la Corse et la sécurité des Corses. La CNCDH a établi un ratio par habitant, seulement pour la Corse et seulement pour les actes antimusulmans. Si nous appliquions cette méthode à d’autres lieux, Paris serait, par exemple, en tête pour les actes antisémites. Pourtant, il n’est pas question pour nous d’affirmer que les Parisiens sont antisémites. À l’erreur méthodologique, nous ajouterions insulte et infamie. À travers ce rapport, il apparaît clairement que certains, y compris dans l’administration, prennent des libertés à l’endroit des Corses. Libertés que nous ne pouvons tolérer et que nous ne prendrons jamais à l’égard des autres. Face à cette situation, nous, élus de la Corse, devons défendre les intérêts moraux de notre peuple et nous devons combattre les clichés. Un mensonge, même répété cent fois, reste un mensonge !


Démocratie et responsabilité collective Autre idée reçue dont les Corses sont victimes : le Corse ne vit pas de son travail mais des subventions de l’Etat français. Cela aussi nous l’entendons souvent et nous le lisons au moins une fois par an dans le Figaro ! Nous autres Corses, nous le savons bien, ce n’est pas la vérité. À la fin du mois d’août, l’Insee a d’ailleurs confirmé que la Corse possède le taux le plus bas au niveau des allocations familiales, des aides au logement ou du RSA. À ceux qui nous accusent de profiter du système social français, nous, élus et citoyens, leur répondons que nous ne voulons pas endosser le rôle de victime. Ce que nous demandons au gouvernement se fonde sur la volonté démocratique du peuple corse qui nous a élus en décembre dernier et sur les délibérations de notre Assemblée. Prenons l’exemple des finances et de la fiscalité. Nous ne faisons pas l’aumône mais demandons simplement à l’Etat de respecter l’expression des urnes et de respecter notre dignité.Dans le contexte de la baisse des dotations d’Etat et la volonté de responsabiliser les institutions de la Corse, la délibération de 2014 de l’Assemblée de Corse demandait : – Le transfert de la TVA payée en Corse, de même niveau que les dotations de l’Etat. – La déspécialisation de la dotation de continuité territoriale. Notre territoire étant également montagneux, nous devons assurer non seulement la continuité maritime mais aussi la continuité mer-montagne. – La création d’une zone fiscale spécifique rurale et de montagne pour soutenir un véritable développement économique de l’intérieur de l’île. – Une contribution égale à celle des autres dans le redressement des finances publiques. Avec le calcul actuel, pour la Collectivité Territoriale de Corse, lorsqu’un Corse paye 90 €, un Français paye 30 €. C’est inadmissible. – Enfin, la défense d’un dispositif social pour la fiscalité du patrimoine et le règlement du désordre patrimonial. La semaine dernière nous avons reçu l’ensemble des parlementaires Corses pour travailler ensemble à la construction d’une solution urgente et durable pour tous les Corses.

Ces demandes sont toujours d’actualité et nous l’avons redit au ministre Baylet lors de sa visite : nous ne demandons pas plus d’argent à l’Etat mais les moyens de gouverner notre pays et de traiter nos problèmes avec nos propres moyens. Voilà ce que je souhaitais rappeler : les Corses sont dignes et leurs demandes sont légitimes ; depuis quelques mois, notre peuple a repris son destin en main, il s’est levé et avance sereinement sur la voie de l’avenir. Et il n’accepte plus d’être mis en accusation par ceux qui ont voulu le faire disparaître.

Je vous remercie.

Président de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy TALAMONI


Care culleghe, cari culleghi,
Per principià, vi pregu à tutti una bona rientrata è speru chè no travaglieremu bè, inseme, quist’annu cum’è annu, pè l’avvene di a Corsica è pè u cumunu.
L’imagina di i Corsi : ci tocca à scrive u rumanzu di a Corsica
Face sunnià a Corsica. Micca solu noi chì campemu quì, micca solu i Corsi spaisati di a diasporà vultati una stonda st’estate, face sunnià tanta ghjente furestera chì a cunnosce o chì crede di cunnosce la. Ùn vulteraghju à e vechje lune di Seneca o à quelle rumantiche di Prosper Mérimée. Fattu si stà quantunque chì u nostru populu hè statu « vittima di a literatura ». Cusì dice Emile Bergerat in La chasse au mouflon en Corse , in u 1891. A literatura, ùn hè solu una fizzione, hè dinù robba fattiva di creazione d’una narrazione cullettiva. Sta narrazione ùn pò esse solu scritta da furesteri in cerca d’esottisimu. Simu noi à scrive la. Scrivimu noi, oghje dinù, cù e nostre parolle è cù i nostri fatti, u rumanzu di a Corsica.
Serebbe longu d’allistinà i stereotippi chì correnu nant’à a Corsica. Per oghje, mi limiteraghju à dui : quellu di u Corsu appena tranchju, furbu, chì cerca l’aiutu è l’assistenza di u Statu, sopratuttu quand’ellu si tratta di chere soldi. Corre dinù a vuciata di u Corsu razzistu, appena salvaticu, mossu da l’odiu di l’altri più chè da l’amore di i soi è di a so terra. Ferebbe ride, ferebbe, s’ellu ùn era un fattu seriu, dettu è ripetutu, intesu troppu in certi media o nant’à e rete suciale.
L’ultimi evenimenti di st’estatina anu datu un soffiu novu à sta pratica, fendu corre cusì un periculu à a Corsica è à i Corsi in lu cuntestu internaziunale chè no cunniscimu. Per i disprezzadori di a Corsica, esiste u populu corsu ma in un certu limitu. Esiste solu di manera negativa, solu per esse stimmatizatu. Per quessi, una ricunniscenza di u populu corsu, pusitiva è creatrice di diritti, ùn hè ancu à cuncepì. Per quessi, i Corsi sò sempre autori di danni, di malfatte è vittime mai. Peghju, malgratu tutte e ghjasteme chè no sentimu, per a ghjustizia francese è per a so Corte di cassazione, i Corsi ùn riprisentanu micca una categoria di persone prutette da a legge di 1881.

I Corsi più razzisti chè l’altri : sbagli è incunsequenza di a CNCDH
S’è u razzizimu contru à i Corsi ùn esiste micca, u rapportu di a cummissione naziunale cunsultativa di i dritti di l’omu dice per contu soiu quant’è no simu razzisti, di sicura più chè l’altri. Cusì, avemu pussutu leghje st’estate : « La Corse en tête des actes antimusulmans en France ». U livellu di viulenze versu i musulmani serebbe statu più altu chè in altrò.
Per contu nostru, ùn si tratta di nigà ò di minimizà a gravità di st’atti razzisti, eppuru l’usu sgalabbatu o malivulente di sti sciffri pò impedisce di calmà è d’appacià a nostra sucetà. Per quessa, ci si pare impurtantissimu di denuncià sti sciffri è u metudu impiegatu per ghjunghje à sta cunclusione. A CNCDH ricunnosce ella stessa e mancanze di u so raportu ma pare ch’elli li bastinu i rinsignamenti è i dati accolti à a lestra, senza metudu scentificu, per custruisce cunclusione false cù cunsequenze maiò per l’imagina di a Corsica è a securità di i Corsi.
A CNCDH hà stabbilitu un ratiò per abitanti solu per a Corsica è solu per l’atti contru à i musulmani. S’è no’appieghemu stu metudu à d’altri lochi, Parigi serebbe, per esempiu, in testa per l’atti antisemiti. Eppuru, à l’ochju di stu metudu, ci ricusemu di dì ch’elli sò antisemiti i Parigini. À u sbagliu metudulogicu, aghjunghjeriamu ghjastema è infamia.
Per via di stu raportu, si vede di manera chjara chì certi, ancu puru ind’è l’amministrazione, piglianu certe libertà voltu i Corsi. Libertà ch’ùn pudemu micca accittà è ch’ùn piglieremu mai per parlà di l’altri.
Di pettu à sta situazione, à noi, eletti di a Corsica, ci tocca à difende l’interressi murali di u nostru populu è ci tocca à cumbatte st’idee storte. Una bugia, ancu s’ella hè detta centu volte, ferma una bugia !
Demucrazia è respunsabilità cullettiva
Altra idea pricuncetta da a quale i Corsi sò e vittime : u Corsu ùn campa micca di u so travagliu ma di e suvvenzione di u Statu francese. Quessa dinù, a pudemu sente spessu, è a pudemu leghje in u Figaro almenu una volta à l’annu !
Noi altri Corsi, a sapemu bè, ùn hè micca verità. À a fine d’aostu, l’Insee hà cunfirmatu chì a Corsica hà u percentuale u più bassu à u livellu di l’allucazione famigliale, di l’allucazione à l’alloghju o di u RSA.
À quelli chì ci accusanu di prufittà di u sistema suciale francese, noi, eletti è citadini, li rispundimu ch’elli sò bugiardi. Ciò chè no dumandemu à u guvernu ghjè a ghjustizia. A nostra pusizione si fonda nant’à a vulintà demucratica di u populu corsu chì ci hà purtatu à u putere di dicembre scorsu è nant’à e de liberazione di a nostra Assemblea.

Pigliemu l’esempiu di e finanze è di a fiscalità. Videremu ch’ùn dumandemu micca a limosina à u Statu ma u rispettu di a spressione di l’urne è u rispettu di a nostra dignità.
In un cuntestu di calata di e dutazione di u Statu è di vulintà di respunsabilisazione di l’istituzione corse, cù a so deliberazione di dicembre 2014 l’Assemblea di Corsica dumandava:
– U trasferimentu di a TVA pagata in Corsica, d’un livellu uguale à e dutazione mandate da u Statu. – A despezialisazione di a Dutazione di cuntinuità territuriale per via chì u nostru territoriu ùn hè solu liturale, hè ancu muntagnolu è a cuntinuità l’avemu da fà da mare à mare ma ancu da u mare à a muntagna. – A creazione d’una zona fiscale specifica rurale è di muntagna da sustene un veru sviluppu ecunomicu in l’internu di a Corsica dinù. – Una cuntribuzione para à l’altri à l’addirizzamentu di e finanze publiche. Incù u calculu attuale di sta cuntribuzione, solu per a CTC, quandu un Corsu paga 90€, un francese paga 30€. Ùn si pò addimette. – Infine, a difesa d’un dispusitivu suciale per a fiscalità di u patrimoniu è a risuluzione di u disordine patrimuniale. Qualchì ghjornu fà, avemu accoltu l’inseme di i parlamintari corsi per travaglià inseme à a custruzzione d’una suluzione urgente è durevule per tutti i Corsi.
Oghje chì ghjè oghje, ste dumande sò sempre d’attualità, è ci hè tuccatu à ripete le davant’à u ministru Baylet a settimana scorsa : ùn dumandemu micca un euro di più à u Statu ma i mezi di guvernà u nostru paese è di trattà i nostri prublemi incù i nostri mezi.
Eccu ciò ch’o vulia ramintà : i Corsi sò degni è e so dumande sò legittime ; dipoi qualchì mese, u nostru populu hà ripigliatu i so affari in manu, s’hè pisatu, è avanza serenu serenu nantu à a strada di l’avvene. È ùn accetta più d’esse messu in accusa da quelli chì l’anu vulsutu fà smarisce.
À ringrazià vi.

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